LES ÉDITOS
Dès octobre 2015, puis en mai 2016, nous vous alertions sur la mise en place projetée du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.
Ce que nous craignions alors est désormais inscrit dans la loi (article 60 de la loi de finances pour 2017) et sera applicable au 01/01/2018 si toutefois le nouveau pouvoir en place d’ici quelques mois maintient en l’état le dispositif voté.
En matière d’usine à gaz, on ne fait pas mieux mais on ne doutait pas de la capacité de nos technocrates à concevoir un système complexe et de ce point de vue il s’agit à n’en pas douter d’une belle réussite à la française.
Accélérer le recouvrement de l’impôt et en simplifier la collecte sont des objectifs louables pour de bons gestionnaires, encore faut-il ne pas créer plus de contraintes que celles qui existaient auparavant !
Le choix opéré est tout autre et expliquer en quelques lignes le dispositif est un exercice quasi impossible.
Les revenus salariaux, de remplacement, de pensions de retraite, les revenus des indépendants (BIC, BNC), des dirigeants, les revenus fonciers.
Par contre pour les autres revenus, on garde les systèmes en place. Coexistence donc de plusieurs mécanismes !
Le prélèvement à la source s’opérera-t-il de la même façon pour tous les revenus concernés ? Non
Lorsque le revenu est versé par un tiers (employeur, caisse de retraite etc…) ce sera au tiers d’opérer chaque mois une retenue à la source et de la reverser au trésor public.
Par contre pour les revenus fonciers et les revenus des indépendants un acompte mensuel sera prélevé.
Comment concrètement l’employeur devra-t-il opérer pour les revenus salariaux ?
L’administration fiscale transmettra via le flux DSN (déclaration sociale nominative) le taux à appliquer (vous aurez donc à gérer des taux différents par salarié).
Mais les salariés pourront s’opposer à ce que l’administration fiscale communique le taux et dans ce cas un taux neutre sera à appliquer fonction du montant du revenu perçu (ce taux neutre s’appliquera également les premiers mois d’un recrutement et tant que l’employeur n’aura pas reçu communication du taux de retenue).
Et si dans un couple soumis à imposition commune les revenus sont différents, ils pourront solliciter auprès de l’administration fiscale l’application d’un taux individualisé.
Donc résumons-nous, 3 taux possibles :
un de droit commun,
un taux neutre
et un taux individualisé
et on ose nous parler de simplification du bulletin de paye !!!!
Le but du prélèvement à la source est de supprimer le décalage d’un an entre perception du revenu et paiement de l’impôt.
Pour atteindre cet objectif, il y a donc nécessairement une année blanche c’est-à-dire une année de perception de revenus sans paiement de l’impôt correspondant. 2017 est cette année blanche.
Toutefois pour éviter que des « petits malins » profitent de la situation pour notamment décaler dans le temps certains revenus ou l’imputation de certaines charges, un mécanisme complexe a été mis en place : un crédit d’impôt de modernisation du recouvrement (le CIMR) applicable l’année de transition.
CIMR 2017 = IR 2017 x (Revenus de 2017 non exceptionnels soumis prélèvement à la source)/(Revenu net imposable 2017)
En 2018 :
vous enverrez donc votre déclaration de revenus 2017
l’impôt sera calculé
puis annulé par le CIMR pour la seule quotte part d’impôt correspondant aux revenus non exceptionnels.
Et comme on soupçonne toujours les dirigeants de frauder, le législateur a mis en place un CIMR spécial pour tous les dirigeants et indépendants.
Pour le calcul du CIMR 2017 en 2018 on retiendra le montant le plus faible des revenus 2014 à 2017, donc l’impôt 2017 pourra potentiellement ne pas être totalement annulé même sans revenus exceptionnels en 2017.
Il faudra attendre un an de plus soit 2019 pour solliciter un CIMR complémentaire mais dans des cas limités prévus par la loi.
Je pense que je vais m’arrêter là car je ne voudrais pas vous perdre dans des méandres techniques mais vous avez bien compris que :
le mécanisme mis en place n’est pas simple,
l’année de transition méritera toutes les attentions
les employeurs vont voir leur coût administratif augmenter du fait de l’application du prélèvement à la source.
Sauf si le prélèvement à la source venait à ne pas s’appliquer : suite du feuilleton en juin 2017 !
Partagez cette page