Ecrit par :
Gaëtan PETITPRES


1 avril 2020

La crise sanitaire du COVID 19 laissera des traces. La santé des personnes prime évidemment (et merci aux soignants qui sont sur le pont) mais n’oublions pas celle de nos entreprises.

 

Tous les acteurs se mobilisent mais nous experts-comptables qui sommes en ce moment à leur chevet nous commençons à voir pointer la détresse de certains entrepreneurs. Nous ne lâcherons rien, nous ferons  tout ce qui est possible de faire.

 

Gaëtan Petitprés, Expert-comptable chez TGS France/Trigone Conseil vous livre son SOS d’un terrien en détresse pour ses clients.

 

"Monsieur le Président, Monsieur le Ministre de l'économie,

 

Permettez-moi de vous interpeller !

 

Certes la priorité est à la gestion de la crise sanitaire et il est certain que vous déployez tous les moyens pour y faire face. La situation est inédite et vous ne pouvez vous appuyer sur aucune expérience passée, à peine celle de notre pays voisin Italien.

 

Il vous faut également gérer une crise économique et bien que celle-ci soit secondaire (les vies humaines avant tout !), elle risque d'avoir des conséquences plus longues que la première.

 

Mon quotidien depuis quelques jours c'est de rassurer mes clients, chefs d'entreprises et indépendants, de leur communiquer les mesures que vous mettez en place et qui sont, avouons-le, un arsenal exceptionnel.

 

Mais malheureusement cela ne suffira pas.

 

Les reports de cotisations, d'impôts DIRECTS (IS mais pas TVA), de charges (loyers, EDF...) ne suffiront pas.

 

Pour certaines entreprises, elles s'en relèveront, sans doute affaiblies mais survivront.


Pour d'autres, 15 jours d'inactivité (voire plus), c'est une fin certaine.


C'est pour ceux-ci que je jette cette bouteille à la mer.


Ce sont ces clients que j'accompagne depuis tant d'années et qui aujourd'hui sont en pleurs.

 

Ces clients, ce sont :

 

ces commerçants indépendants, qui souffrent depuis deux ans des mouvements des gilets jaunes, des grèves à répétition,

 

ces cavistes qui n'ont pas pour ordre de fermer leurs magasins (qui est d'humeur à boire seul, confiné, une bouteille de champagne ?),

 

ces chocolatiers qui n'ont pas pour ordre de fermer leurs magasins (alors que nous sommes confinés et dans l'impossibilité de partager des moments avec nos familles, amis, qui achèterait une boîte de chocolats ? ceux qui achèteraient une bouteille de champagne ?),

 

ces fleuristes qui ont dû baisser le rideau du jour au lendemain en jetant toutes leurs fleurs,

 

ces bars et restaurants qui ne peuvent pas reporter leur chiffre d'affaires (irons nous 2 ou 3 fois au restaurant les semaines qui suivront la fin de cette crise ?),

 

ces commerces et entreprises dont un report de charges ne pourra que prolonger artificiellement leur durée de vie, mais pas les sauver.


Ce sont tous ces clients qui ont créé un, deux voire trois emplois.


Ces clients qui sont la base de notre beau tissu économique français.


Ces chefs d'entreprise, pour une partie, ne se voient pas exercer un autre métier, n'ont pas une employabilité forte, n'ont pas le droit au chômage partiel et pour une partie n'auront pas le droit au chômage en cas d'arrêt de leur activité (la réforme de l'assurance chômage pour les indépendants est restrictive).

 

Alors le plus important, c'est la santé publique. Nous l'entendons, nous le comprenons et nous avons confiance en la résolution de cette crise. Distribuez le matériel nécessaire aux personnels soignants et accordons leurs des moyens illimités (et restons chez nous !).

 

Mais si vous ne les écoutez pas, si vous ne nous écoutez pas, nous, experts-comptables au contact permanent de ces chefs d'entreprise, il y aura des fermetures d'entreprises, des destructions d'emplois et une crise sociale qui s'ajoutera à cette crise sanitaire.

 

J'ai juré d’exercer ma profession avec conscience et probité, de respecter et faire respecter les lois dans mes travaux et c'est ce à quoi je m’attelle depuis quelques années dans la neutralité et l'impartialité.


Aujourd'hui, la détresse de mes clients m'interpelle. Je partage leurs inquiétudes. J'entends leur appel au secours et je vous en fais part.

 

Vous avez insisté, quoiqu'il en coûte, vous soutiendrez nos entreprises. Le prix à payer, je vous en fais part :

 

  • Report de la TVA sans pénalité (nous savons bien qu'ils collectent pour le compte de l'Etat et je leur explique le mécanisme chaque année mais ils reverseront la TVA avant même de percevoir les indemnisations liées au chômage partiel - les trésoreries sont au plus faibles et certains ne passeront pas le mois de mars)

 

  • Aide financière de 1500 € à donner quelque soit la forme d'exercice (gérants de SARL, majoritaires ou minoritaires, Entreprise individuelle, mandataires sociaux de SAS, ...)

 

  • Ouverture du chômage à ceux qui ne résisteront pas à cette crise (malgré le prix à payer, des entreprises sans avenir ou des chefs d'entreprises démotivés et las après tant d’événements...)

 

En espérant que vous entendiez cet appel au secours, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre de l'Economie, vous avez tout mon soutien et ma confiance pour gérer cette crise sanitaire.

 

Un expert-comptable dévoué!"