LES ÉDITOS
Le sujet est sensible et à chaque réforme son lot de contestations.
Au-delà du sujet de fond complexe on voit bien toute la difficulté de trouver des solutions par la voie de la négociation tant certains de nos syndicats adoptent des positions de refus et de blocage systématiques.
L’équation de la retraite est difficile à résoudre et pourtant les paramètres sont connus :
• Durée de cotisation
• Taux de cotisation
• Espérance de vie
• Taux de service des pensions
Alors que nous rentrons de plus en plus tard sur le marché du travail et que notre espérance de vie ne cesse d’augmenter, certains ne veulent rien entendre à un recul de l’âge de départ à la retraite ni a fortiori à une baisse des pensions.
Partir jeune à la retraite, cotiser peu, souhaiter un revenu de remplacement élevé avec une espérance de vie longue, constituent une équation insoluble sauf à créer des déficits abyssaux qui aboutiront à une implosion du système.
Nous fonctionnons dans un régime de répartition ce qui veut dire que les retraites versées sont financées par les actifs.
Alors que jusque dans les années 70, nous avions 4 actifs pour un retraité, nous sommes aujourd’hui à un ratio cotisants/retraités de 1.7 (1.4 à horizon 2040).
Chacun peut comprendre les limites du système actuel et d’ailleurs de celui qu’on nous propose.
Quand on ajoute à ce premier constat la disparité des systèmes notamment au travers de l’existence de 42 régimes spéciaux qui aboutissent à des inégalités de traitement considérables difficilement acceptables dans un pays qui se fait le chantre de l’égalité.
Prenons une simple comparaison :
• Un salarié du secteur privé part à la retraite en moyenne à l’âge de 62 ans avec un revenu de remplacement moyen de 1 350 €
• Un salarié de la SNCF part en moyenne à 54 ans avec un revenu de remplacement moyen de 2 600 € (c’est encore plus à la RATP)
Partir 8 ans avant en moyenne avec un revenu multiplié par 2 par rapport au secteur privé, cela relève-t-il de l’égalité ?
Qu’est ce qui peut objectivement légitimer de telles différences de traitement ?
La pénibilité est un élément recevable sur lequel on devrait travailler davantage.
Mais les métiers de la SNCF et ceux de la RATP (on pourrait allonger la liste) sont-ils plus pénibles que ceux du privé pour justifier de tels avantages ?
Réformer la retraite c’est rechercher plus de justice sociale avec un équilibre financier acceptable.
Plus de justice sociale passe par un alignement des régimes afin de gommer les disparités objectivement non recevables, c’est le but de la retraite universelle par points proposée.
La recherche d’un équilibre financier acceptable induit des choix.
Si l’on ne veut pas augmenter les cotisations pour ne pas peser sur la compétitivité de notre économie, et si l’on veut maintenir un revenu de remplacement décent, on ne peut qu’accepter inéluctablement un recul progressif de l’âge de départ à la retraite.
Le problème dans tout cela c’est que de nombreux régimes spéciaux sont dans le rouge : pas assez de cotisants pour financer les retraites et donc nécessité d’en appeler aux finances publiques donc aux contribuables que vous êtes.
Oui, salariés du privé dans le système actuel, vous travaillez plus longtemps pour gagner moins à la retraite tout en finançant en tant que contribuable les déficits des régimes spéciaux voilà la réalité de notre système.
A côté de cela, vous avez des régimes complémentaires qui ont été bien gérés et dans lesquels des réserves financières ont été constituées.
Et bien évidemment les cotisants de ces régimes craignent avec raison que leurs réserves soient absorbées (spoliées diront certains) dans le régime universel de retraite.
En fin de compte, si l’on n’y prend pas garde, ce sont encore les cigales qui vont gagner contre les fourmis !!!
Cela apparaît révoltant car dans ces régimes bien gérés cela aboutira demain, dans le régime universel pour beaucoup de cotisants, à une augmentation des cotisations et à une baisse pour certains de leurs futures pensions.
Prenons garde à ceux qui sous prétexte de défendre les salariés du privé ne défendent in fine que leurs avantages dont le fondement est injustifiable aujourd’hui.
Non seulement leur combat n’est pas légitime mais il est suicidaire tant il met à mal notre économie qui peine à se relever (certains indicateurs vont dans le bon sens mais notre endettement ne cesse d’augmenter, notre balance commerciale est toujours déficitaire et le budget de l’état et de la sécurité sociale toujours en déséquilibre).
Il est temps de faire face aux réalités et de faire les bons choix et cela passe par :
• de l’écoute constructive,
• du dialogue,
• de l’échange,
• de la négociation,
et pas par des défilés incessants dans la rue qui bloquent notre économie depuis de longues semaines.
Alors politiques et syndicalistes de tous poils, le sujet est suffisamment sérieux pour que vous vous mettiez autour d’une table pour trouver les ajustements nécessaires à une réforme inéluctable.
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